En route pour l'incertain, la vie
06h19'05''. Je me concentre. Chaque geste me rapproche du moment de vérité. J'aligne mes roues précisément sur la ligne. Je m'applique et je m'arrête, face à mon destin.
Au loin, la piste déroule son trait de crayon, long puis court, large puis étroit.
La rampe d'envol m'offre son exclusivité, quelques instants.
Et le ciel m'ouvre ses bras d'air et de nuages.
Il semble m'attendre, m'appeler.
06h19'47''. Le contrôleur de sa voix proche et lointaine me confirme que tout est clair.
Risquer de décoller, j'en ai très envie.. "Le courage, ce n'est pas de ne pas avoir peur. C'est avoir peur et affronter sa peur" disait Jacqueline Auriol".
Je suis bien. Excité. Bandé, calé, serré, au chaud dans mon cockpit-cocon. En contact de tout mon corps avec ses prolongements de métal, d'hydraulique et d'electrons.
06h20'10''. La Bête vibre d'impatience sur ses roues, retenue du bout de mes pieds, bien fort. Patience la Bête ! "Le ciel peut attendre" encore quelques secondes. Non ?
Voilà. Tout est vert, les aiguilles se stabilisent là où je les veux.
Tout est OK et je m'accorde une seconde d'éternité. Tout est possible. Cette précieuse seconde que j'offre à mon libre arbitre, à mon choix de vie, encore à portée.
06h20'54''. Ma décision est prise. Simultanément, je lâche les freins et pousse les gaz à fond. La bête rugit et bondit !
Qu'il est bon et jouissif de sentir cette intensité de l'accéleration de la vie qui me pousse vers le ciel foisonnant, en route pour l'incertain.
Le ciel est comme la vie, le décollage comme une naissance.
La vie est merveilleuse, envoûtante, mystérieuse et hostile. On peut mourir de vouloir naître et de vouloir vivre.
A force de trop de précautions, d'hésitations, de renoncements, on peut aussi mourir d'immobilisme !
Alors lâchons les freins et plongeons collectivement, avec agilité, dans le grand bain de la vie.
Dans la révolution de l'OÏKOS !!
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